Les Caves de Rauzan témoignent sur leur démarche RSE
Les Caves de Rauzan misent sur l’appellation responsable AFAQ 26000
En novembre 2014, les Caves de Rauzan obtiennent directement le niveau confirmé pour l’évaluation AFAQ 26000.
Ce score remarquable est le fruit d’un travail initié dans la démarche collective baptisée 3D lancée par Coop de France Aquitaine et soutenue par le Groupe AFNOR. Le directeur de la première cave coopérative de France, dans la catégorie unité de vinification en vin d’appellation, nous raconte l’esprit qui anime une équipe de viticulteurs exigeants et volontaires.
AVEZ-VOUS COMMENCÉ VOTRE DÉMARCHE RSE PAR UN DIAGNOSTIC 3D ?
Philippe Hébrard : Non, le diagnostic que nous avons réalisé à partir de 2010 est venu confirmer le travail que nous avons mené pour nous inscrire dans une démarche DD au cours de l’année 2009. En effet, notre attente était double. Réaliser dans un premier temps la synthèse de nos certifications ISO 9001 et ISO 14001 et de celle concernant la démarche Agri Confiance® volet vert, aussi nommée NF V01-007, pour leur donner une vraie cohésion. L’autre raison était de répondre aux souhaits de certaines enseignes clients qui attendaient de nous la mise en place d’une politique DD reconnue. Quant au diagnostic proprement dit, il nous a préparés à la mise en place d’une stratégie, d’un plan d’actions et des indicateurs nécessaires au management d’une démarche RSE. C’est à partir de là que nous avons pu rédiger un rapport DD et faire évaluer nos pratiques et performance selon le modèle AFAQ 26000.
PUISQUE VOUS ÊTES MAINTENANT TOTALEMENT ENGAGÉS DANS LA RSE, POUVEZ-VOUS NOUS DIRE SI CETTE DÉMARCHE PRÉSENTE DES CARACTÉRISTIQUES PROPRES AU MONDE VITICOLE ?
PH : Je ne pense pas. Mais c’est vrai que le monde agricole, dont nous faisons aussi partie, est extrêmement surveillé. L’opinion publique est très vigilante. La question de l’utilisation des produits phytosanitaires et des nitrates nous oblige à avoir une attitude particulièrement vertueuse. Cependant, les Caves de Rauzan ont dans l’organisation de leur gouvernance des caractéristiques de coopérative qui nous placent très bien en termes de RSE. En effet, chaque adhérent a son droit de vote. En tant que directeur, je dois fournir un reporting régulier au conseil d’administration de la coopérative. Sans oublier qu’au lieu de faire une seule assemblée générale annuelle, comme la loi l’exige, nous en faisons plusieurs afin de zoomer sans cesse sur les moments clésde la vie des viticulteurs. En cela, nous pouvons prétendre avoir une gouvernance alerte et réactive, en phase avec les exigences d’une RSE performante.
AU-DELÀ DE LA GOUVERNANCE, LA RSE SUPPOSE AUSSI UNE VRAIE APPROCHE DES PARTIES PRENANTES ET DE VOTRE SPHÈRE D’INFLUENCE ?
PH : Avec le collectif 3D nous avons développé une méthode qui nous permet d’évaluer nos parties prenantes. Après les avoir listées avec l’aide des chefs de services de notre coopérative, nous avons réussi à analyser de front les risques qu’elles pouvaient représenter tout en repérant les attentes qu’elles étaient en droit d’avoir vis-à-vis de nous. Puis, nous avons recensé les moyens de communication que nous activions pour chacune. Ainsi, via une grille d’évaluation, nous avons repéré l’importance plus ou moins grande de telle ou telle partie prenante. De là, nous avons naturellement dessiné nos sphères d’influence de premier, deuxième ou troisième niveau. Ce sont toutes ces informations qui nous ont permis de définir nos enjeux, selon l’influence que nous avions, ou qu’une partie prenante avait vis-à-vis de nous.
PRATIQUEZ-VOUS LE BENCHMARK ?
PH : Ce n’est pas systématique mais c’est bien sûr un des objets du collectif d’entreprises que nous représentons. Partager notre expérience et regarder ce qui se fait ailleurs. À noter aussi qu’il existe des indicateurs qui vont nous permettre de comparer avec d’autres organisations de notre secteur d’activité. Par exemple, nous avons fait réaliser une enquête GPS (Gestion des Perspectives Sociales) afin de relever et de mettre en perspective nos points forts ou faibles concernant la satisfaction des salariés des Caves de Rauzan.
VOUS AVEZ DÉJÀ RÉALISÉ UN RAPPORT DD, ALLEZ-VOUS ÉVOLUER VERS UN RAPPORT RSE PLUS EN CONFORMITÉ AVEC LA PHILOSOPHIE ISO 26000 ?
PH : Tout à fait, le rapport extrafinancier que nous commençons à diffuser est en conformité avec les lignes directrices de la GRI V4 (Global Reporting Initiative version 4). Celle-ci a une dimension internationale reconnue et nous oblige à utiliser un certain nombre d’indicateurs listés par thématiques. À la différence de nos 2 précédents rapports DD, où nouspouvions être tentés de ne mettre en avant que les indicateurs sur lesquels nous étions particulièrement performants, avec la GRI nous faisons l’exact démonstration de cequi est bon et de ce qui l’est moins. Cette année nous présentons donc un rapport crédible et transparent que nous communiquons à toutes nos parties prenantes. Et en particulier à celles qui impactent sur notre travail à l’export.
QUELLES SONT LES PISTES DE PROGRÈS QUE VOUS DEVEZ ENCORE TRAVAILLER ?
PH : Je tiens d’abord à faire remarquer qu’AFAQ 26000, niveau confirmé, vient conforter le travail de toutes les équipes. Alors que certains pouvaient penser qu’une telle évaluation allait nous rajouterdes charges, elle démontre au contraire la justesse de nos choix. Quant aux pistes de progrès, elles sont essentiellement concentrées sur nos fournisseurs et soustraitants. Nous devons développer vis-à-vis d’eux un nouveau type de relations fondées sur la RSE afin de partager de nouvelles exigences et ainsi nous améliorer tous ensemble.
POUR CONCLURE, QU’ATTENDEZ-VOUS EN RETOUR DE VOTRE ÉVALUATION RÉUSSIE AFAQ 26000 ?
PH : Elle conforte incontestablement notre crédit. Elle est aussi la preuve que la RSE participe très directement à la pérennisation de nos entreprises. Et c’est ce qui compte avant tout. Avec AFAQ 26000 nous nous donnons de nouvelles chances pour notre avenir commercial. Nous sommes une coopérative vertueuse et nous sommes en droit d’attendre que le marché sanctionne positivement cette démarche. Vis-à-vis de nos clients grands distributeurs, AFAQ 26000 a le mérite d’être une référence de qualité que l’on peut comparer, toute proportion gardée, avec l’AOC Vins de Bordeaux qui caractérise la qualité de nos vins vis-à-vis du consommateur final.